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  • Où il apparaît que la lecture ouvre les yeux... !

    • Le 23/05/2011

     

     

     

     

     

              L'actualité politique, et son jeu électoral pernicieux, brûle à ses feux ce que les sociétés précédentes ont élevé au rang de remède à une économie moribonde : les flux migratoires. Et chacun, et chacune, de surenchérir sur la nécessité du chacun chez soi, le natif avant tout et la montée larvée d'un certain nationalisme derrière lequel se cache trop souvent un fascisme qui ne souhaiterait pas dire son nom.

            Les hommes quittent-ils leurs terres d'origine pour le plaisir ? A l'évidence non ! Que faire pour que chacun vive là où se trouvent ses racines ? Là, à l'évidence se situe la véritable question ! En attendant que se mettent en place de véritables structures politiques et économiques pour mener les peuples défavorisés vers l'auto-suffisance et abolir les enrichissements personnels de vils potentats au détriment de ceux qu'ils sont censés servir, les hommes quitteront les territoires où ils souffrent pour d'autres censément plus accueillants.

            Cet exode, on s'en doute, ne procède pas de la promenade de santé. Pour mieux s'en convaincre et ouvrir les yeux sur les drames humains qui se déroulent si près de nous, je conseille très fortement la lecture de l'ouvrage d'un journaliste italien, Fabio Geda, : "Dans la mer, il y a des crocodiles". Ce livre magnifique construit d'admirable manière retrace le parcours hors du commun d'un jeune garçon afghan, Enaiatollah Akbari, de son pays d'origine à l'Italie via le Pakistan, l'Iran, la Turquie et la Grèce. Dépaysement garanti et doigt mis sur les véritables valeurs de l'humanité. Sept ans pour un parcours miné d'épreuves incroyables mais sept ans aussi d'une joie de vivre exceptionnelle qui conduit un enfant de dix ans vers l'âge adulte de la misère orientale à l'opulence occidentale.

            Une leçon de vie donnée par un gamin admirablement servi par un excellent travail de récitant. Un style éblouissant, une qualité de narration formidable. Partez voir s'il y a des crocodiles dans la mer. Sur Terre, on le sait, il y en a. Même que certains marchent sur leurs deux pattes arrière...

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  • Patrons, chefs d'entreprise, par pitié, ne vous fiez pas au titre!

     

     

     

     

     

            Pour avoir énormément navigué dans le monde du polar, en commençant par d'antiques O.S.S. 117 puis l'intégrale des San Antonio avant de dévorer des centaines de titres dans la "série noire" de Gallimard, je dois avouer éprouver désormais une certaine réticence à m'immerger à nouveau au coeur de cet univers pensant en avoir fait le tour. Idée censément émise à juste titre jusqu'à ma récente lecture d'un ouvrage de Paul Cleave, un auteur néo-zélandais, intitulé : "Un employé modèle" dont le titre original est "The cleaner" : le nettoyeur. Pour demeurer succinct tant je tiens pour important le plaisir de la découverte je ne livrerai que cette publicité alléchante : lorsqu'un serial killer décide de mener lui-même l'enquête, tout peut arriver. Vraiment tout, je le confirme.

     

         Exercice jubilatoire. Intrigue d'une folle originalité. Style décapant. Ecriture vive et enlevée avec une plongée non dénuée de réalisme dans le monde de la démence d'un serial killer vraiment pas comme les autres. Inutile de préciser que je plébiscite cet ouvrage et encourage tout le monde à le dévorer y compris, et surtout, tous les blasés du genre policier. Un avertissement toutefois pour les garçons : il y a une scène du livre qui fait mal. Très mal. Peut-être le côté féminin de l'auteur a-t-il voulu se venger de quelque mâle turpitude. C'est assurément réussi au-delà du concevable.

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  • Enfin un peu d'auto-promo !

    • Le 07/03/2011

       Je ne sais pas si cela se fait (en réalité je sais très bien que cela ne devrait pas se faire !) mais pour une fois, je ne ferai pas de publicité pour un ouvrage que j'ai lu ou que je viens de finir... bien que cela soit tout de même le cas. Enigmatique tout cela me direz-vous ! Certes, je vous l'accorde bien volontiers. La cause en est que l'ouvrage dont il est ici question est un livre dont j'ai participé à la correction de l'épreuve pour une raison bien évidente... je suis l'un des quatorze auteurs ayant eu la chance d'être choisis pour participer à ce recueil collectif. Enfin une édition à compte d'éditeur ! Le début de la fortune, terme pris ici dans son sens premier qui désigne la chance car avouons-le plaire aux lecteurs reste un sujet d'intense subjectivité.

        Voilà donc que l'on pourra trouver un de mes textes, une nouvelle bien sûr, domaine de prédilection, dans toutes les bonnes librairies... sans doute aussi dans les mauvaises !, et que les lecteurs intéressés pourront s'ils le préfèrent commander directement à cet homme de génie qui a accepté de nous publier, mes treize condisciples et moi, le responsable des éditions du Bord du Lot, installées à Villeneuve sur Lot... j'en connais un à qui cela va faire plaisir mais cela relève de la private joke comme disent les américains.

         Le quoi s'il vous plaît ? Ah oui ! Le titre ! On se demande bien où j'ai la tête ! C'est vrai que c'est important le titre, surtout si l'on a envie de commander le livre. Cela s'intitule donc : "Passe le temps". Sans chercher à tout prix à en faire une publicité éhontée, je recommande la lecture de ce recueil que j'ai trouvé d'une très agréable homogénéité dans la qualité des textes avec néanmoins un grand éclectisme de styles et de thèmes avec toutefois cette constance contenue dans le titre qui donnait le thème général du recueil : la fuite du temps. Chacun jugera par lui-même et il va sans dire que tous les commentaires seront les bienvenus.

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  • Pourvu que le vent d'espoir n'accouche pas d'une brise !

     

     

     

     

     

               Actuellement, et on ne saurait mieux faire que de s'en réjouir, souffle un vent de liberté sur les peuples opprimés par des potentats forts de leurs assises acquises au cours des dernières décennies. Du Proche-Orient à l'Asie sans oublier l'Amérique du Sud, des hommes et des femmes se lèvent pour crier leur misère face à des pouvoirs qui les affament et les confinent à la misère tandis qu'eux-mêmes et leurs affidés croulent sous les richesses accumulées. Fortunes à ce point scandaleuses qu'il faudrait des générations et des générations de tyrans et dictateurs pour "espérer" en venir à bout. Nous ne pouvons que nous réjouir que chutent ces régimes que la plupart des états occidentaux ont contribué à maintenir en place car leur exercice du pouvoir par la force nécessitait les armes que nous leur vendions sans parler des obscurs pouvoirs protecteurs contre de fallacieuses craintes culto-intégristes que nous leur prêtions. Si l'on ne se réfère qu'au continent africain, 300 milliards de dollars sont consacrés chaque année aux budgets militaires des états lorsqu'on estime qu'un dixième de cette somme suffirait à éradiquer la famine et les maladies; ces chiffres n'appellent pas à commentaires !


               On sait toutefois la grande difficulté qui existe dans la substitution d'un pouvoir par un autre avec tous les espoirs que l'on place dans le fléau de la balance côté "ça ne pourra pas être pire !". L'Histoire, hélas, a démontré que ce n'était pas toujours le cas et que l'exercice du pouvoir peut autant tourner les têtes que l'argent qu'il draine dans son sillage. les exemples sont légion de révolutions prétendument populaires qui ont accouché de régimes aussi sanglants, voire plus, que ceux qui les avaient précédés. La Nature de l'Homme serait ainsi faite qu'Il brûle très vite ce qu'Il a adoré : ses semblables et les grandes idées progressistes. Souhaitons que les têtes qui tombent depuis quelques semaines soient rempacées par des polyvirats tels que les aimait Rome car on plus on croise les pouvoirs moins ils risquent de s'échapper.

             

            Mais puisqu'ici tout se lie par ce qui ce qui se lit, je voudrais, pour demeurer au coeur du sujet, faire l'apologie d'un ouvrage que j'ai achevé il y a peu et dans lequel j'ai ressenti une très grande force narratrice sur un sujet traité d'une manière particulièrement intelligente. Inutile bien sûr d'encenser la plume d'André Makine, déjà couronné par le prix Goncourt pour "Le testament français", j'axerai plus mes louanges sur le thème abordé et traité de remarquable façon. Un chef d'oeuvre de la littérature franco-russe que je recommande à tous ceux qui aiment les belles histoires d'amour... et leurs à-côtés tragiques : "La vie d'un homme inconnu".

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  • Toute la folie russe à un prix dérisoire

     

     

     

     

     

         Afin de commencer l'année lecture en beauté, je vous engage à ne pas passer à côté d'un petit bijou d'un très jeune auteur russe Alexandre Ikonnikov. Parcourant les plaines de l'Oural à la Sibérie, sans oublier quelques haltes au coeur des grandes métropoles, il décline sur une cinquantaine de textes dans "Dernières nouvelles du bourbier" toute la gamme des sentiments et des ressentis avec un humour tellement décapant qu'il en devient corrosif. Impossible de ne pas éclater de rire devant une multitude de situations d'une incroyable loufoquerie narrée avec cette âme slave si présente au cœur de la narration. On y croise une intense auto-dérision noyée sous des litres de vodka et de bière. Ce recueil se lit en plus avec une facilité détonante, chaque texte ne s'étalant que sur trois ou quatre pages. Un livre indispensable à prendre avec soi, format poche très pratique pour un prix dérisoire en regard du dépaysement offert, pour lutter contre la morosité des embouteillages, des attentes en caisse, des abribus…

       A lire absolument... pour aider à se convaincre que nous ne sommes pas les plus malheureux même si cette certitude ne peut constituer en soi une consolation.

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  • ouvroir de littérature potentielle

     

     

     

     

     

           L'Oulipo ou Ouvroir de la littérature potentielle est une forme de littérature dans laquelle se doivent d'être respectées certaines formes de contrainte que s'imposent eux-mêmes les auteurs. Georges Perec et Italo Calvino en sot les représentant les plus connus. Perec a par exemple écrit un livre de plus de trois cents pages "La disparition" sans utiliser la lettre "e". Calvino a rédigé un recueil de nouvelles "Si par une nuit d'hiver un voyageur" dans lequel des personnages se croisent et se recroisent de texte en texte et dont la conclusion se synthétise par une boucle dans l'intitulé de chacun des titres des textes. C'est à la fois une contrainte mais un espace de liberté à découvrir dans lequel peu de gens ont déjà pénétré. A chacun de s'établir ses propres contraintes. Je vous donne un exemple personnel ci-dessous d'un texte que j'ai rédigé en n'utilisant que la voyelle "e". A vous de jouer ensuite à en créer d'autres autour d'autres thèmes.

     

                   Oulipien

     

     

        L'événement est en tête des lettres de presse :

        L'enlèvement des élèves de Mers-el-Djebel.

        Le vent de désert cèle en ses ergs grèges

        En ces lents temps secrets le réel de l'ère.

        Les prêtres, verts, recherchent les élèves

        Et prennent en revers les mégères berbères;

        Elles serrent les lèvres et cèlent le secret

        De ce vers les élèves rêvent de se mêler.

        Le chef des prêtres jette pêle-mêle, le gel

        Et le léger, vers les bergères berbères

        Et tente de percer le recel des mégères…

        En perte sèche et lettre décédée.

     

        Entre temps, les élèves se resserrent

        En de secrètes ténèbres et le désert

        Dresse lentement ses éphémères regs

        Vers le célèbre céleste sélène.

     

        Lettre révélée, les prêtres lèvent le secret

        Et se jettent, célères, vers le désert en gel.

        L'Eternel, le frère, enlève légèrement le vent

        Vers les élèves et bêle le réel des prêtres.

     

        Les élèves se relèvent, sept cent mètres

        De prés éternellement verts, et se jettent

        Vers les jetées rebelles, enlèvent les vêtements

        Et se jettent en le rêve : en mer !

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  • "Ce que le jour doit à la nuit"

     

     

     

     

     

          Je viens de terminer la lecture de "Ce que le jour doit à la nuit" de Yasmina Khadra et il serait dommage de passer à côté de cet auteur. En effet, aussi bizarre que cela puisse paraître, Yasmina est un homme puisqu'il écrit sous un pseudonyme. De son vrai nom, Mohamed Moulessehoul, fut durant un peu plus de trente ans officier dans l'armée algérienne et use donc de pseudonyme à ses débuts afin de traiter un thème qui lui est cher : la tolérance. Position délicate à assumer de par sa situation professionnelle.

         Auteur francophone des plus lus dans le monde, il aborde des sujets liés à la religion et les prosélytismes qui s'y rattachent souvent : "Les hirondelles de Kaboul", "Les sirènes de Bagdad" mais connaît un succès encore plus grand grâce à "Ce que le jour doit à la nuit", élu meilleur livre de l'année par le magazine Lire.  Dans ce roman, où l'auteur manie une langue châtiée empreinte de poésie, le lecteur découvrira la vie de Younès, alias Jonas, de 1930 à nos jours, dans une Algérie en recherche d'identité. Tous les sentiments explosent dans cet ouvrage, l'amitié, l'amour, l'honneur, d'autant qu'ils ont pour toile de fond un pays en crise tiraillé entre deux pans de son histoire. Lequel Younès choisira-t-il ? C'est là tout le drame de tout un peuple décrit sans concession quel que soit le camp observé et là se situe toute la justesse de l'auteur que l'on comprend avant tout tolérant, une faiblesse pour certains. Avec cette très belle phrase, certes connue, "Le souvenir des morts est le coeur des vivants".

         Pour l'anecdote, un de mes amis algériens m'a confié avoir vu l'auteur à la télévision nationale et jugé qu'il paraissait imbu de sa personne. Je lui accorde toute ma confiance mais devant la qualité de l'œuvre je pardonne volontiers à Yasmina Khadra ladite immodestie.

     

     

     

     

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  • Fritz Kolbe, un monsieur que l'on a justement tiré de l'ombre

            Un ouvrage très intéressant, et richement documenté, sur un côté largement passé inaperçu de la seconde guerre mondiale. Ce livre retrace le parcours d'un homme, petit fonctionnaire presque insignifiant au sein du ministère Allemand des Affaires Etrangères. Au péril de sa vie, et la lecture prouvera que ce n'est pas une simple expression, cet homme va œuvrer dans l'ombre pour faire passer aux armées alliées une somme considérable de documents confidentiels de la plus haute importance. Certains auraient même pu changer le cours de la guerre si en cette période trouble une méfiance excessive, mais sans doute raisonnable, n'avait retardé la prise en compte de la véracité des dits secrets d'état.

             Ce Fritz Kolbe se rendait assez souvent de l'Allemagne à la Suisse, en empruntant la voie ferroviaire, et s'ingéniait à dissimuler des documents de la plus haute importance car il rencontrait dans ce pays au comportement pour le moins trouble, des diplomates de toute nature, officielle ou secrète.

             Racontée sans recherche aventureuse, plus documentaire que roman, ce livre tente de montrer qu'au cœur du peuple allemand de nombreuses voix s'insurgeaient en silence contre la politique menée par Hitler. Fritz Kolbe a eu le courage, lui, de mettre en accord ses actes et ses pensées et c'est une bonne chose que l'auteur, Lucas Delattre, l'ait rappelé. les héros méritent qu'on les encense de quelque bord qu'ils soient.

     

     

     

     

     

            Un livre à lire absolument pour tous ceux qui aiment la justice.

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