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  • Le plus bel endroit du monde est ici

    • Le 23/01/2016

      

     

     

    Le plus bel endroit

     

    Je viens de terminer la lecture de ce petit livre en version poche. Je dois avouer que je reste un peu sur ma faim. On est loin de la qualité des ouvrages de Mitch Albom sur les chemins qui séparent la vie de la mort. Les auteurs ont à mon sens exploité à demi une belle idée de départ que je juge pour ma part gâchée par trop d'à peu près à la limite de la mièvrerie. On sent vite venir les choses et rien ne détourne le lecteur du chemin vers lequel on le guide. Je dois également reconnaître une certaine lassitude vis-à-vis des ouvrages traitant du développement personnel, de la vie après la mort, des tunnels de lumière et des épreuves à vaincre pour atteindre au nirvana. Quant à la liste des dix choses importantes à faire avant de... Tout cela à trop un arrière-goût de déjà vu et est à mon sens bien mieux exploité dans le "Journal de Bridget Jones". Un échec de temps en temps me réconcilierait peut-être avec ce type de travaux d'Hercule pour quadras en mal de vivre. Le lecteur que je suis aimant à être déstabilisé ou tout au moins bousculé est, vous vous en doutez, resté sur sa faim...

  • Les Nordiques ont décidément le vent en poupe

    • Le 24/03/2015

    Les curieuses rencontres

          On en rêve tous d'un facteur comme ça... et d'un service public des Postes encourageant ses agents à jouer les assistantes sociales auprès de ses clients. Mais là n'est pas l'angle le plus attachant de cet ouvrage. Les personnages que l'on y croise méritent tous que l'on s'intéresse eux mais le facteur n'est pas venu vivre à la campagne dans la maison de ses grands-parents pour aller d'aventure en aventure ; c'est au contraire le calme qu'il recherche pour guérir une récente blessure. Mais entre ce que l'on envisage et ce que l'existence réserve il y a parfois de la marge. L'auteur, Levi Henriksen, ne le ménage pas ce petit facteur. Il le promène de situation en péripétie avec une avalanche de sentiments. Le quatrième de couverture évoque "Le vieux qui ne vouliat pas fêter son anniversaire", j'ai un peu de mal avec l'analogie si ce n'est pour le côté humoristique de l'ouvrage. L'un et l'autre se lisent avec bonheur mais il n'y a rien de loufoque dans ce facteur et son empathie mérite que l'on s'y intéresse.

         Ne passez pas à côté de cette brillante balade norvégienne !

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  • Le vestibule des causes perdues

    • Le 21/03/2015

        Le vestibule

    Voilà un ouvrage à ne pas manquer. Une longue et belle promenade de plus de quatre cents pages (il n'empêche qu'au final on n'est pas du tout pressé d'arriver) sur les chemins de Compostelle. Attention, rien de religieux là-dedans. Seule la dimension spirituelle rejoint parfois le cultuel. Une dizaine de personnages, des amochés de l'existence, tous là pour diverses raisons se croisent, se séparent, s'entraident... s'aiment. Très belle intelligence de la narration surfant sur les voiles peu à peu levés sur les vérités de chacun. Introspection dans les douleurs qu'impose l'effort physique et psychique de ce qui s'apparente sans aucun doute à un dépassement de soi. Il est convenu de garder quelque chose pour s'essuyer les yeux car l'émotion peut survenir au hasard des pages distillée avec une belle sensibilité et une grande intelligence littéraire. Je ne connaissais pas l'auteure : Manon Moreau, une jeune femme d'une trentaine d'années, mais je me promets de surveiller ses prochains ouvrages d'autant qu'elle pratique la nouvelle, un genre que j'apprécie tout particulièrement. Le style est vif, enlevé, parfois déroutant mais jamais pesant. Inutile de préciser que la narratrice a elle aussi arpenté ce camino, sa credencial en poche.

        Je vous engage donc à suivre sa voie... vous ne le regretterez pas.

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  • Comme quoi la nouvelle peut amener à tout...

    • Le 11/09/2014

    ... même s'il est conseillé d'en sortir. Fortement ! Je viens de terminer la lecture de "La commissaire n'aime point les vers" de Georges Flipo, un merveilleux rédacteur de nouvelles qui remporta une quantité remarquable de concours... à juste titre. De publicitaire à temps complet, le voilà recyclé en auteur à un âge où il aurait été dommage pour la littérature qu'il ne se décide pas à le faire. Dans son polar, on retrouve cet humour ravageur pince-sans-rire et destructeur que j'apprécie tant dans ses nouvelles mais aussi un ton et un regard sur notre société hirs toute complaisance. La poésie est présente dans ce roman... comme arme du crime. Je conseille de découvrir Georges Flipo, il le mérite. On peut également différer cette découverte en cherchant sur la toile quelques-unes de ses nouvelles qui sommeillent chez différents organisateurs de concours.

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  • La peau du tambour

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           Un pirate informatique s'est introduit dans l'ordinateur central du Vatican pour remonter jusqu'au Pape. Il n'en faut pas plus au Saint Siège pour déléguer son émissaire secret, Lorenzo Quart, à Séville, siège du pirate. Autour d'une vieille église qui tue pour se défendre, se nouent les secrets d'une vieille famille aristocratique protégeant un religieux un peu fou et les intérêts de spéculateurs immobiliers, eux-mêmes liés à trois malfrats incapables. Un roman jubilatoire !   

         Aucun amateur de polar, d'histoire, de littérature ne devrait passer à côté de ce roman. Tout y frôle la perfection. La qualité de l'intrigue. La description des arcanes du pouvoir religieux. L'aspect philosophique de la carrière des prêtres. Leurs envies. Leurs contraintes. La beauté. L'amour. Le sexe. L'argent. Toute la misère humaine et sa comédie balzacienne danse ici une valse au bal des faux-culs et l'on ne sait qui on doit vénérer et qui on doit détester. Avec en prime - et quelle prime ! - une dose d'humour ravageuse avec ce portrait de trois ratés tellement attachants que l'on ne souhaite pas qu'il leur arrive malheur malgré le dessein trouble que quelques millions de pesetas leur fait suivre.

          N'hésitez pas à taper sur "La peau du tambour". Je gage que vous ne le regretterez pas et comprendrez aisément pour quelle raison l'académie des lettres espagnole a fait de l'auteur, Arturo Pérez-Reverte, un de ses plus brillants ambassadeurs.

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  • Rien que du bonheur !

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        Je vous l'accorde, le titre peut rebuter. Mais fait rebond sur un film génial intitulé "Petits meurtres entre amis". L'auteur est finlandais. Pas un inconnu. Son livre le plus connu est "Le lièvre de Vatanen" dont un film avec Christophe Lambert a participé à la popularisation. Dans cet ultime opus de Arto Paasilinna, le délire atteint des degrés d'exception qui confine au génie littéraire et à une analyse profonde et on l'espère objective de la société finlandaise.

        Pour en faire  une brève synthèse, disons que deux personnes se rencontrant par hasard parce qu'elles ont décidé de se suicider sur un même lieu se persuadent de l'utilité et de la justesse d'un suicide collectif. Pour ce faire, elles passent une annonce... et l'histoire commence, si drôle, si truculente, si bouleversante aussi, que je préfère vous laisser le bonheur de la découverte.

        N'hésitez pas à emprunter la Flèche de la Mort, un car pullman dernière génération qui s'apprête à faire le tour des plus hautes falaises d'Europe.

         Il serait dommage de passer à côté de cet ouvrage autant qu'il l'est de ne pas avoir fait halte au "Magasin des suicides" de Jean Teulé. Comme quoi, lorsque de grands auteurs se penchent sur des sujets dramatiques, ils parviennent à tirer le meilleur de ce qui au départ s'apparente au pire.

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  • Quand les verts voient rouge. De l'écolo bobo à celui qui fait mal

      Je viens de terminer un ouvrage de Jean-Christophe Ruffin paru en 2007 : Le parfum d'Adam. Le sujet traité, avec beaucoup de bonheur puisque l'on pourrait s'imaginer en voyage dans un Grangé de la bonne période, est l'écologie. Pas celle que nous connaissons tous en Europe qui sous des abords virulents s'apparente après lecture du livre à de douces jérémiades en comparaison de celle qui émerge aux Etats-Unis, entre autres, et que les spécialistes qualifient de deep ecology. C'est à ce point une mouvance prise au sérieux que le FBI n'hésite pas à la classer en deuxième position dans les menaces terroristes recensées par le bureau fédéral.

      Les militants de cette mouvance, plutôt secrète, prônent la disparition du véritable responsable de la pollution. Non pas la société industrielle mais l'Homme en tant qu'espèce.

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  • Choc des cultures

     

     

     

     

     

           L'Inde intrigue, étonne par la diversité de ses cultes et de ses cultures, surprend par la densité de sa population. Ce que l'on sait moins en revanche, sans doute parce que cela fait partie de ces vérités qui dérangent, c'est l'âpreté de la lutte que se livrent les ressortissants hindous et musulmans. Des combats de tous les jours sans merci allant jusqu'à des assassinats parfois collectifs au vilain relent de purification ethnique. Dans le livre de Samina Ali : "Jours de pluie à Madras", on découvre le regard que porte sur son propre pays une jeune femme, dont l'existence se partage entre les Etats-Unis et l'Inde.

         Agée d'une vingtaine d'années, celle-ci revient en Inde pour son mariage, arrangé par sa mère, avec un jeune homme qu'elle n'a rencontréqu'une seule fois. Tous deux sont musulmans dans un pays majoritairement hindou... et dépositaires d'un secret douloureux. Peu après que le mariage ait été prononcé, ils vont être appelés à se confier, dans un mélange de honte et de tumulte.

           Cet ouvrage, que j'ai cependant trouvé parfois un peu en longueur, dissèque de très intéressante façon le poids des coutumes et des non-dits imposés par la religion, ce dans un contexte de résistance à l'oppression exercée par les membres d'un culte dominant. Le racisme prend ici une forme particulière entre habitants d'un même pays et le déchaînement d'une violence que les autorités locales feignent de ne pas voir créant par-là même une forme larvée de racisme institutionnel. Je recommande cette plongée dans une Inde déroutante de laquelle on ne ressort pas indemne.

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