Mauvaises anciennes solutions pour ramener les enfants dans le rang

           A l'heure où tant de problèmes concernant les jeunes sont mis en avant (car il serait mensonger de prétendre qu'ils apparaissent) de très mauvaises idées ressortent des cartons dans lesquels les père-fouettards les avaient rangées... à contre-coeur. Certes à tout problème sa solution. Encore va-t-il falloir faire l'effort de rechercher des solutions innovantes sinon nouvelles tout en éliminant d'entrée celles qui se sont par le passé avérées inefficaces, inopérantes et cheminant à contrario du fil rédempteur vers lequel elles étaient censées se diriger. On voudrait nous faire avaler que la jeunesse d'aujourd'hui est plus violente que celle d'hier et d'avant-hier. Cela reste à voir. La délinquance juvénile ne connaît pas une expansion spectaculaire et les violences à l'intérieur des établissements scolaires demeurent marginales et concentrées sur certains périmètres départementaux.

         Soi-dit en passant, les collèges et lycées où les troubles sont les plus tangibles se situent à proximité, voire au coeur, des départements et villes où la mise à l'écart de la société d'une certaine frange de la population est la plus notoire. Urbanisation délirante, urbanisme en défaut, chômage, précarité, démission parentale face à tous les problèmes sociaux, xénophobie, difficulté à exister. Tous ces vecteurs de vie difficile conduisent certains jeunes à renier la société et ses règles; désarroi vécu par leurs aînés qu'ils refusent d'endosser et surtout d'assumer. Rébellion et violence deviennent tout naturellement les chemins évidents vers une émancipation qui si elle ne mène à rien laisse au moins l'illusion de combattre l'inéluctable.

         Je ne saurais prétendre apporter la solution magique sur un plateau. D'abord, je ne l'ai pas et ensuite les responsables politiques ont été élus pour cela : gérer au mieux les failles d'un système prétendument démocratique. Car la vraie démocratie ne consiste pas à agir pour la majorité mais à faire évoluer la société sans oublier dans le sillage les minorités en déserrance. Voilà pourquoi j'aimerais conseiller aux Père-la-vertu qui réclament à corps et à cris la réouverture des bagnes pour enfants et des maisons de correction la lecture de deux ouvrages qui datent certes mais m'ont depuis longtemps ouvert les yeux sur deux très mauvaises solutions afin de ramener dans le rang les enfants qui n'ont pas vraiment choisi de s'en éloigner. Le premier s'intitule "Les enfants du bagne" de Marie Rouanet ( j'ai de surcroît le plaisir de connaître un ami qui a connu la triste chance de passer deux ans dans celui d'Aniane avant qu'il ne ferme défnitivement), le second "Les hauts murs" d'Auguste le breton. Si après lecture de ces deux livres l'envie de recommencer l'expérience de ces hauts lieux carcéraux persiste ne pas hésiter à libérer les tenants de ces délires de leurs mandats électoraux.

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