Articles de ericgohier

  • Trop d'accidents de voiture sont dûs aux femmes !

         Les statistiques sont formelles, près de 20% des accidents de la circulation urbaine sont imputables aux femmes. Enfin, j'extrapole un peu. La raison précise c'est l'inattention. Et quoi de mieux qu'une femme pour rendre un homme inattentif ? Je ne parle pas bien sûr des femmes sagement assises derrière leur volant mais de celles qui déambulent en petite culotte et soutien-gorge de panneau 4x3 en affiche d'arrêt d'autobus. Bon, je ne vais pas jouer les bégueules ou les père-la-vertu, moi-même je me laisse dissiper par ces images affriolantes; il faut avouer que c'est le but recherché : attirer l'oeil. Mais voilà, on ne peut l'avoir partout cet oeil  et lorsqu'on conduit c'est sur la route qu'il est le plus sage de le garder. D'autant que les sollicitations sont multiples et que les panneaux publicitaires qui fleurissent pourrissent nos espaces urbains vantent bien d'autres mérites que la beauté féminine. A tel point que la liste exhaustive paraît impossible.

         Tout dernièrement, a surgi une nouvelle race de panneaux, d'immenses 4x3 lumineux et animés placés sur le bord des ronds-points. Le nec plus ultra de la dissipation automobile où tant hommes que femmes peuvent succomber. Je vous laisse imaginer le nombre d'accrochages que ce genre de sollicitations va provoquer. D'accord me direz-vous, il faut bien que les carrossiers et les garagistes remplissent leurs agendas. Certes mais on ne parle que de tôles froissées alors que le vrai drame de l'inattention au volant en milieu urbain c'est que le nombre de cyclistes et de motocyclistes victimes d'accidents ne cesse de croître. Moins futile déjà comme sujet !

         Quelle solution alors ? Une seule me semble raisonnable, dotée de nombreux bénéfices : la suppression des supports publicitaires en ville. De la sorte, moins d'attention détournée, quelques vies sauvées, un paysage urbain réapprivoisé et... moins de dépenses pour les ménages. Ben oui, ça ne sert qu'à ça la pub : nous faire acheter ce dont on pourrait très bien se passer. Quant aux petites culottes et aux soutien-gorge, nos épouses feront ça très bien !

  • Délire de l'art

      

          Blaise Pascal a défini le rire comme étant une spécificité exclusive de l'espèce humaine. Certains esprits chagrins ont rétorqué que d'autre primates possédaient un caractère comportemental s'y apparentant. Ce que l'on ne peut exclure en revanche c'est que l'homme détient une capacité que nul être vivant au monde ne partage avec lui : la faculté de s'émouvoir à la vision d'un objet inutile. Je veux bien sûr par-là parler des oeuvres d'art. Tableau, sculpture, dessin, pièce musicale, poème... Mais voilà qu'aujourd'hui la mercantilisation desdites oeuvres d'art s'efforce de mettre à bas la valeur sacrée de l'objet par lui-même. Ainsi hier, une sculpture de Giacometti, "L'homme qui marche", s'est vendue près de 74 millions d'euros. Pour de bon il marche. Mais sur la tête !

        Si géniale que soit cette réalisation, avis tout personnel, cela met le prix du bronze au kilo à un niveau jamais atteint. Et démolit tout argument de coup de coeur pour l'heureux acquéreur. Quelle que soit l'émotion que l'on éprouve pour une oeuvre, aucune ne mérite qu'on y consacre une telle somme. Et quand bien même on aime à ce point une oeuvre, de merveilleux copistes savent la reproduire à l'infini à un tarif autrement plus abordable. Là se situe tout le paradoxe de notre société dans laquelle certains sportifs gagnent plus que les grands dirigeants d'entreprise lesquels multiplient par deux ou trois cents fois le salaire de base des ouvriers qu'ils emploient. Rien ne correspond plus à rien et les valeurs deviennent si galvaudées qu'elles perdent tout leur sens.

          Alors, peut-être serait-il bon de se replonger dans la lecture de "La société du spectacle" de Guy Debord. De remettre l'être humain à sa juste place et d'oublier l'étalonnage pécuniaire de choses qui n'ont pas de prix par définition. L'art doit rester le don d'un créateur envers tous ceux chez qui il provoque une émotion. Cette émotion étant le meilleur prix qui puisse venir en retour.

  • Plaidoyer pour une espèce en voie de disparition

        

     

         Je veux parler ici d'un genre littéraire dont les tenants sont de moins en moins représentés alors que... ! Il s'agit en l'espèce de la poésie. Un des arts majeurs de la littérature que notre époque et les responsables d'édition s'efforcent de mettre au placard comme un qui n'aurait plus sa place. Pourtant, à cette heure où chacun se plaint de ne disposer d'assez de temps ( bien qu'il ait là aussi à redire cf : "Quel bonheur d'avoir divorcé" sur ce même blog) quelle meilleure forme d'expression écrite que la poésie. Des textes courts, condensés, le plus souvent livrés sur une ou deux pages. La lecture idéale pour humains pressés. En quelques centaines de mots tous les sentiments possibles, toutes les émotions envisageables, sous quelque forme que ce soit. Car, oublions un peu nos récitations d'enfance, la poésie est certainement le genre littéraire qui caresse le plus de styles, le plus de variations, le plus de thèmes. Il est d'ailleurs étrange que nombre de personnes avouent un penchant pour des chanteurs tels que Brassens, Brel, Vian, Barbara, Bashung, et tant d'autres, qui ne sont en réalité que d'immenses poètes n'ayant trouvé que le vecteur de la chanson pour populariser leurs textes.

           Cet oubli est d'autant plus navrant, et je ne prêche pas pour ma paroisse, que je suis sûr qu'un nombre incroyable de personnes s'essaient dans leur coin à rédiger de petites ballades, de petits sonnets, de petites odes. Prose ou classique, peu importe. Amour ou humour. Tendresse ou cruauté. Fable ou surréalisme. Tendresse ou agressivité. Drame ou comédie. Tout fait feu. Et cela ne réclame qu'un temps très limité car l'écriture est avant tout une création mentale et l'on peut organiser ses mots et ses phrases tout en épluchant ses carottes ou en promenant son aspirateur de pièce en pièce.

          Quant aux très grands, les inclassables, les incontournables, quel bonheur de les redécouvrir avec un oeil devenu mature, de sentir fondre dans la bouche la douce rondeur de leurs écrits, d'apercevoir au travers de leurs prismes la fantasmagorie des paysages, de respirer les prés fleuris qui émaillent leurs vers, de goûter la fraicheur de leur verve amoureuse, de boire aux fontaines acides de leurs colères et désespoirs. Lisez de la poésie. cela prend peu de temps chaque jour et rend notre univers stressé tellement plus accessible... et peu digne de foi.

  • Combien de temps... ?

     

     

         Pour je ne sais quelle raison, faut-il toujours qu'il y en ait ?, m'est revenue récemment à l'esprit une remarque qu'un ami m'avait glissée à l'oreille. Tout un symbole sur la relativité et le fait qu'une chose dite ne se pare pas des mêmes habits suivant les mots avec lesquels on la formule. Importance accrue lorsque la réflexion prend une tournure philosophique. Ladite remarque venait de son grand-père et traitait du temps qui passe.

        En un jour, on peut faire des choses. Pas mal de choses ! Et en trente six mille cinq cents jours ? Beaucoup plus qu'en un jour ! Mais moins qu'en cent ans ? Ah ben bien sûr ! Quelle rigolade ! Et bien non ! Désolé de doucher le bel enthousiasme général. Trente six mille jours et cent ans c'est pareil. Rigoureusement la même durée. Et alors, j'ignore si vous vous faites la même réflexion, on se dit que la vie est courte car cent ans c'est déjà la limite haute du barême. Du coup, vingt-huit mille jours se rapprochent plus du nombre exact de matins que l'on peut avoir la chance de voir se lever... sous nos latitudes privilégiées.

         Revient donc en force cette notion de "carpe diem" chère au Cercles des Poètes Disparus. Rendre au final tout son sens à chaque jour qui passe car toute unité défaillante au bataillon pèsera alors son poids d'amertume à l'heure du bilan que tout être conscient ne manque un jour de faire. Songeons que moins il y aura de morts plus on aura vécu, que ce soit quatre-vingts ans, vingt huit mille jours, six cent soixante douze mille heures ou... presque deux milliards et demi de secondes !

     

  • Quelle jubilation d'être à votre merci

         

     

        Au hasard des pages Internet, de site littéraire en forum nourrissant la même thématique, je suis tombé, sans aucune douleur, sur une maxime très intéressante de Philippe Bouvard, journaliste multicartes dont la longévité dans le métier est si notable que seul son talent (et ses talonnettes) a pu le mener si loin vers les sommets. "L'écriture est comparable à l'amour physique. L'instigateur de l'exercice n'est jamais assuré du plaisir des partenaires qu'il ambitionne de rendre aussi heureux que lui."

          A noter tout d'abord cette notion de partage du plaisir, ambition remarquable quel que soit le domaine d'exercice. L'altruisme et le partage méritent largement qu'on les salue face à l'égoïsme ambiant, tellement marqué qu'il fait figure de vertu... de petit vertu ! Ensuite, ce doute qui accompagne effectivement chaque créateur : quel sera l'accueil réservé à son bébé ? Il a beau y mettre le meilleur de lui et s'attacher à endosser la peau de qui viendra le visiter, rien ne le garantit d'un succès autre que celui de l'estime. D'autant que pour l'immense majorité des créateurs le cercle des admirateurs se limite à celui des membres de sa famille et de ses amis, critiques pour le moins compatissants par essence. Car s'il est difficile d'aimer, il n'en est pas moins difficile d'être aimé, apprécié faut-il ici comprendre.

           Voilà pourquoi je profite aujourd'hui de cet espace qui m'est offert (par moi-même) pour exprimer le bonheur qui fut le mien hier en consultant le livre d'or de ce site. Deux fois dans une seule et même journée s'inscrivait ce petit mot magique à mon adresse : merci. Wouahhh ! Comme ça fait plaisir ! Qu'il est agréable de constater que le plaisir pris dans l'écriture peut être partagé dans la lecture, que ce que l'on a écrit peut en distraire d'autres. Merci donc à ces deux mercis et merci aussi à tous ceux qui laissent de très aimables commentaires sur le livre d'or. Je continue alors ?

          Et puisque nous parlons de merci et de plaisir pris dans la lecture, je voudrais vous diriger vers un ouvrage très intéressant d'un auteur qui ne l'est pas moins : Daniel Pennac. Et vous conseiller la lecture de ce tout petit livre qui ne vous prendra qu'une heure à lire, mais quelle heure !, et qui s'intitule : ... "Merci".

  • Quel bonheur d'avoir divorcé !

             Je vais en quelques phrases vous raconter de quelle manière j'ai divorcé voici un petit plus de cinq ans. Ne vous attendez pas cependant à des remarques croustillantes ou à de petites anecdotes délatrices. Pas plus qu'à pénétrer plus avant dans mon intimité. Je suis quelqu'un de plutôt pudique et je ne compte pas vous abreuver de détails dont vous ne sauriez que faire. Je vous dirai simplement qu'il fut relativement facile de rompre. Nous avions pourtant tout connu ensemble. Des joies, des peines, des bonheurs, des drames. Des pannes aussi. Qui à chaque fois me rendait triste et un peu frustré. Notre histoire durait depuis si longtemps ! Mais il était vain de continuer à se raconter des histoires. Je l'écoutais de moins en moins, je ne la regardais pour ainsi dire plus. Sa seule présence m'indisposait déjà. Et je ne parle pas de son insupportable verbiage continuel du matin au soir pour ne finalement ne pas dire grand-chose qui vaille que je m'y intéresse. Elle était de surcroît devenue de plus en plus large au fil des années, imposante presque. Dimensions inversement proportionnelles à l'intérêt que je ressentais pour elle.

            Alors un jour, enfin conscient que cela ne rimait à rien de s'acharner, je l'ai laissée tomber. Mais pas méchamment ! Pour être exact, je l'ai refilée à un copain qui lorgnait sur elle depuis quelques temps déjà. Il la voulait. Qu'il la prenne! Je n'avais aucune intention de lutter pour la conserver. Et je vous avoue, sans aucune honte, que depuis ce jour je revis. Je vais de nouveau au cinéma, je participe aux conversations , je fais des jeux.  Et surtout, je me suis remis à la lecture. Je lis, de tout, à toute heure ! Je vis quoi ! Et sans vouloir influer sur votre vie, je vous encourage à faire de même. Vous verrez comme l'existence devient plus agréable. Divorcez ! Divorcez par pitié ! Divorcez de votre télévision !!!

  • Analyse du sondage

        Un mois s'est écoulé depuis la mise en ligne du sondage présent sur le site, il était donc temps d'en changer... et de commenter les résultats observés. Ce ne sont bien sûr que des ressentis personnels mais la petite case "commentaire" autorisera quiconque souhaitant mettre son grain de sel à y participer. La question était, je vous le rappelle : Pour vous, la lecture est source de ... ? Parmi les nombreux votes (Non, je blague ! Dix-sept sur plus de six cents visiteurs c'est plutôt moyen !) deux tendances se dégagent. Source de culture pour 65% des votants tandis que 30% y ont vu une source de divertissement. Je vous fais grâce des 5% qui restent, répartis sur trois catégories de vote, donc négligeables.

        Tout d'abord, je pense que l'on ne peut que se satisfaire que la majorité des lecteurs pensent se cultiver en promenant de page en page. La lecture forge l'homme à son insu et la vraie culture est ce qu'en disait André Malraux : "La culture c'est ce qu'il reste lorsque l'on a tout oublié". Car la culture c'est le jardin de Voltaire, l'âme et son élévation, l'apprentissage de la tolérance sur le regard que l'on porte aux autres sachant que ce regard est une voie détournée pour se mieux observer. Ensuite, c'est plaisant d'imaginer que les gens se divertissent par la lecture car si l'on prend le sens étymologique du verbe divertir, on se retrouve projeté dans le bas latin divertire qui signifie détourner. Et c'est bien là que toute sa saveur vient à la lecture, savoir distraire de ses soucis, éloigner de ses tourments, détourner des contingences de la vie de tous les jours. En un mot : s'évader. Changer de monde, d'époque, de sexe, de pays, de couleur de peau. Le temps certes d'une lecture mais non sans implication définitive, consciente ou non. Tiens ! Mais ça ressemble à la définition de la culture ! Les deux réponses seraient-elles si proches ? Je n'hésite pas à le décréter. A vous désormais d'en juger.

  • Où l'impatience se justifie !

         Je n'avais plus un poil de sec et la pluie de cet été torride ne semblait pas disposée à lever le pied. Je l'aurais bien maudite si ce n'avait été grâce à elle que j'avais pu fausser compagnie à mes gardiens. Oh je ne me faisais guère d'illusions ! J'avais passé l'âge. Je me doutais que les flics étaient à mes fesses et qu'ils me feraient payer ma petite plaisanterie à grands coups de verge. En prison, les discussions tournent rarement autour du sexe des anges. Mais bon sang que cela faisait du bien de respirer un air libre !

         L'enseigne rouge me lançait de grands clins d'oeil et je pénétrai sans hésiter au sein de l'établissement. Elle me creva aussitôt les yeux. Blonde. De celles qui ont la classe. Tentante. Attirante. Elle trônait au comptoir. Seule. Pas là depuis longtemps puisque des gouttes coulaient encore au long du rond de ses formes. Mon coeur bondit dans ma poitrine. Je n'avais pas un rond sur moi mais ne me posai aucune question. Je n'étais plus à une embrouille près. En basculer une, j'en rêvais depuis dix ans que je croupissais en cabane. Je tendis la main bien avant de l'atteindre. Personne ne faisait attention à moi. Tant pis pour les bonnes manières ! J'empoignai le verre et fis couler la fraîcheur ambrée au fond de mon gosier.

         Déçu(e) ? Les bières aussi peuvent être blondes, ou brunes, ou rousses. C'est sans doute pour ça que les gars aiment tant ça. Ce petit exercice de style n'est pas aussi fortuit qu'il y paraît. Il montre que la lecture peut parfois nous mettre sous influence et entraîner notre esprit vers de fausses idées car les mots de notre langue, riches de multiples sens, peuvent prêter le flanc à confusion. La preuve ? Je lie ce billet aux tags : blonde, sein, sexe, poitrine, torride, fesses, verge, pied et poil. Anonymes dans le texte, je suis curieux de connaître l'impact qu'il auront sortis de leur contexte.

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  • A propos d'Apostrophes

          Il est désormais de bon aloi de rendre des hommages posthumes, sincères ou non. Comme dirait Brassens : l'idée est excellente mais peut-être serait-il plus judicieux de saluer les êtres rares de leur vivant. Je voudrais donc mettre à profit ce petit billet pour glorifier un homme d'une valeur exceptionnelle : monsieur Bernard Pivot. Un peu sous l'éteignoir depuis qu'il n'est plus sous les feux des projecteurs télévisuels, cet amoureux des lettres a su se rappeler à notre bon souvenir lors du procès d'intention fait à Marie Ndiaye, récente lauréate du dernier prix Goncourt. Je ne reviendrai pas sur la polémique, si ridicule que le mépris est la plus noble manière de la traiter, mais sur le vigoureux rappel à l'ordre de Bernard Pivot quant au respect des auteurs et de leurs textes. Il fut un des rares à s'élever contre la fatwa intellectuelle lancée à l'encontre de Marie Ndiaye par les censeurs d'une république oublieuse du sens que revêt le mot liberté.

           Rien cependant d'étonnant à cela lorsque l'on sait l'amour que cet homme a porté aux auteurs et à leurs oeuvres des années durant. Beaucoup de livres ont été popularisés grâce à la qualité des présentations qu'il savait en faire. Nombre d'écrivains désacralisés dans l'excellent sens du terme par le biais de cette "Apostrophes" d'émission qui révélait combien les gens amoureux d'écriture méritent que l'on s'intéresse à leur travail car derrière chaque texte se cache un petit morceau d'une inestimable mémoire collective. Bernard Pivot arbitrait parfois des débats houleux mais toujours avec une élégance remarquable et le plus grand respect de ses invités. Le monde des lettres lui doit beaucoup et il serait de bon ton de lui rendre l'hommage qu'il mérite alors qu'il est encore parmi nous. Il serait idiot de dire plus tard : C'est bête, il n'est plus, nous allions presque lui dire combien nous l'aimions.

          Merci monsieur Pivot pour ces très riches heures de télévision et vos interviews pleines d'à-propos. Quant à vos dictées... le diable en rit encore !

  • Sommes-nous tous décérébrés ?

         Le terme est fort, j'en conviens, mais après un petit tour en grande surface me voilà dubitatif, pour ne pas dire circonspect, et j'aimerais pour le coup rebondir sur un précédent billet de ce blog : Peut-on lire de tout ?

         Passe que les plus grosses ventes d'hebdomadaires relèvent de la presse people (ou plutôt pipol tant francisé le mot dès le début prend tout son sens), que chaque homme (ou femme) publique se sente le devoir de commettre un ouvrage le concernant (Narcisse que tu refleuris bien !), voilà que maintenant on atteint au paroxysme du n'importe quoi. Après Chirac, Juppé, Royal... voilà qu'arrive Jospin. Après les ex madames Besson et Treiber, voilà que je découvre, en tête de gondole s'il vous plaît, un livre intitulé : Dans l'ombre de Rachida". Il ne s'agissait pas hélas du dernier Tahar Ben Jelloun mais d'un livre pondu par le frère de l'ancienne Garde des Sceaux (ou des sots).

        L'eût-elle elle-même écrit, mettant à profit le profond ennui qu'elle avoue volontiers ressentir à Bruxelles, que je n'y aurais vu aucun inconvénient. Juste la preuve que les hommes politiques ont décidément beaucoup de temps à consacrer à des tâches qui ne sont pas les leurs. Mais là, je suis resté sur le flanc. Imaginez un instant que tous les proches de tous ceux qui ont une certaine notoriété se mettent à écrire et nous voilà en route pour l'histoire de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours. Intérêt de la chose : zéro!

        Attention, je ne reproche pas au frère de l'ancien ministre de s'amender par l'écriture, il ne peut qu'être loué pour ça, mais je m'interroge sur les critères de sélection des éditeurs. Je veux bien que ces maisons visent au commercial et prennent de moins en moins de risques mais là on commence à friser l'insane, le ridicule, à saoûler les gens avec des ouvrages fourre-tout pour humain décérébré. Où se cache le mieux-être culturel qu'on nous avait promis si nous nous mettions à lire ?

        Je ne vois hélas qu'une seule attitude pour contrer ces basses manoeuvres mercantiles : laisser reposer en paix (voire en pets) ces livres malodorants aux remugles infects ne présentant d'intérêt que pour ceux qui les écrivent. C'est pourquoi je vous engage mes bien chers frères de galère éditoriale à répandre ce message. D'avance merci pour nous.