Articles de ericgohier

  • Claude François serait-il encore d'actualité ?

        Question souvent entendue dont la réponse n'a bien sûr aucune importance car il semble évident qu'extrapoler sur le devenir artistique d'un chanteur disparu depuis si longtemps ne rime à rien. Une chanson cependant serait désuette voire obsolète : "Le lundi au soleil". Non, pas parce qu'il ne fait plus jamais beau ce jour-là après un week-end pourri ( cette habitude reste bien ancrée dans les moeurs météorologiques ), mais parce que depuis qu'une bande de ploutocrates arnaqueurs ont décrété que travailler chaque jour de la semaine serait de bon aloi , dimanche compris, ce jour tend à ressembler à ses frères de misère ouvrière. Je ne veux pas critiquer le fait de travailler, pas plus que réfuter que bien des gens oeuvrent ce jour-là ( j'y ai moi-même souscrit durant de longues années ) mais souligner que les magasins employant du personnel sont fréquentés par une majorité de personnes qui refuseraient elles de travailler le dimanche. Surtout que la majoration salariale des heures oeuvrées ce jour est laissée à la discrétion de l'employeur contrairement à ce qui avait été annoncé à grands renforts de publicité médiatico-politique... on devine aisément que la générosité patronale connaîtra vite ses limites.

        Il n'est pas très compliqué de faire machine arrière. Il suffit pour cela que les grandes surfaces entraînant les petites dans leur sillage demeurent désertes le dimanche. Pour cela, il convient que personne ne s'y rende. Car quand même, l'excuse que certains n'ont que ce jour-là pour faire leurs courses, je préfère faire semblant de ne pas l'avoir entendu et préciser pour ceux que cela intéresse que dans certains pays, entre autres Brésil et Thaïlande, les magasins sont ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre et que si nous n'y prenons pas garde cette dérive du travail à toute heure pour un salaire inchangé nous guette tous quel que soit notre corps de métier.

       Et puis tout de même, une grasse matinée en famille le dimanche matin, un pique-nique au bord de la rivière, un repas sorti de la glacière sur la plage ou à la campagne, une balade en vélo avec les petits, la messe à l'église, un match au stade, regarder Michel Drucker à la télé non c'est nul ça !, une partie de pétanque, un tournoi de tennis de table, une cueillette de mûres, un ciné les dimanches de pluie... sans oublier la lecture au coin du feu, sur le sable, dans l'herbe, dans un transat au jardin... Avouons qu'il serait idiot de nous priver de tous ces plaisirs de l'existence pour la seule dérive consumériste de notre société lancée à toute allure vers sa propre perte par mépris de ce qui fait sa richesse : accorder à ceux qui la composent des temps de respiration en famille et entre amis un jour sur sept par semaine ce qui à bien y regarder n'est pas un luxe énorme et par voie de conséquence essentiel à préserver.

  • Mauvaises anciennes solutions pour ramener les enfants dans le rang

               A l'heure où tant de problèmes concernant les jeunes sont mis en avant (car il serait mensonger de prétendre qu'ils apparaissent) de très mauvaises idées ressortent des cartons dans lesquels les père-fouettards les avaient rangées... à contre-coeur. Certes à tout problème sa solution. Encore va-t-il falloir faire l'effort de rechercher des solutions innovantes sinon nouvelles tout en éliminant d'entrée celles qui se sont par le passé avérées inefficaces, inopérantes et cheminant à contrario du fil rédempteur vers lequel elles étaient censées se diriger. On voudrait nous faire avaler que la jeunesse d'aujourd'hui est plus violente que celle d'hier et d'avant-hier. Cela reste à voir. La délinquance juvénile ne connaît pas une expansion spectaculaire et les violences à l'intérieur des établissements scolaires demeurent marginales et concentrées sur certains périmètres départementaux.

             Soi-dit en passant, les collèges et lycées où les troubles sont les plus tangibles se situent à proximité, voire au coeur, des départements et villes où la mise à l'écart de la société d'une certaine frange de la population est la plus notoire. Urbanisation délirante, urbanisme en défaut, chômage, précarité, démission parentale face à tous les problèmes sociaux, xénophobie, difficulté à exister. Tous ces vecteurs de vie difficile conduisent certains jeunes à renier la société et ses règles; désarroi vécu par leurs aînés qu'ils refusent d'endosser et surtout d'assumer. Rébellion et violence deviennent tout naturellement les chemins évidents vers une émancipation qui si elle ne mène à rien laisse au moins l'illusion de combattre l'inéluctable.

             Je ne saurais prétendre apporter la solution magique sur un plateau. D'abord, je ne l'ai pas et ensuite les responsables politiques ont été élus pour cela : gérer au mieux les failles d'un système prétendument démocratique. Car la vraie démocratie ne consiste pas à agir pour la majorité mais à faire évoluer la société sans oublier dans le sillage les minorités en déserrance. Voilà pourquoi j'aimerais conseiller aux Père-la-vertu qui réclament à corps et à cris la réouverture des bagnes pour enfants et des maisons de correction la lecture de deux ouvrages qui datent certes mais m'ont depuis longtemps ouvert les yeux sur deux très mauvaises solutions afin de ramener dans le rang les enfants qui n'ont pas vraiment choisi de s'en éloigner. Le premier s'intitule "Les enfants du bagne" de Marie Rouanet ( j'ai de surcroît le plaisir de connaître un ami qui a connu la triste chance de passer deux ans dans celui d'Aniane avant qu'il ne ferme défnitivement), le second "Les hauts murs" d'Auguste le breton. Si après lecture de ces deux livres l'envie de recommencer l'expérience de ces hauts lieux carcéraux persiste ne pas hésiter à libérer les tenants de ces délires de leurs mandats électoraux.

  • A saisir : voyage en Inde peu coûteux, exotisme et érotisme garantis

       

         Ce voyage ne coûte qu'une dizaine d'euros mais garantit un dépaysement et une plongée vertigineuse dans un des plus grands pays du monde : l'Inde, que d'aucuns n'hésitent pas à qualifier de sous-continent. Bien sûr, pour ce prix modique, il ne saurait être question d'un déplacement physique. Pas d'avion à prendre, pas de valise à préparer, pas de formalités de passeport. Ce voyage est offert par Tarun J Tejpal au travers d'un livre intitulé : "Loin de Chandigarh", cadeau de ma petite soeur qui m'aurait étranglé si je n'en avais pas parlé sur ce blog consacré à l'écrit ( de préférence de qualité) sous toutes ses formes. Ce voyage possède en plus la fantastique qualité de remonter le temps des années 20 à nos jours. Quel guide mieux approprié pour découvrir un pays qu'un autochtone dont on devine à chaque page la fascination, parfois trouble, que son pays exerce sur lui ?

        Résumer un ouvrage de sept cents pages, tâche ardue. Pour schématiser, je dirai qu'il s'agit d'une histoire d'amour passionnelle et fusionnelle contrariée par la découverte, dans la maison que viennent d'acheter les personnages principaux du récit; de vingt-quatre carnets de cuir fauve constituant le journal intime de l'ancienne propriétaire des lieux, une Américaine. Bâti sur une trame mêlant passé et présent, réel et fictif, plaisir et drame, le récit fait voguer le lecteur dans toute l'Inde mais pas que. Paris, Londres, New York sont également au rendez-vous de cette fresque riche en couleurs, en saveurs, en senteurs. C'est l'occasion de visiter l'Inde dans tout son mystère, ses paradoxes, ses excès, avec en toile de fond un regard sur l'Histoire et une kyrielle d'interrogations philosophiques. Les clichés sont présents, éléphants, radjahs, fakirs, splendeurs et misères d'un peuple unique au monde, mais avec une acuité telle que chaque cliché est démonté, destitué, et remis dans son véritable contexte sans aucune complaisance.

        On ne peut s'empêcher de songer à la lecture de ce livre aux contes des mille et une nuits tant se télescopent de nombreuses histoires dans l'histoire, chacune permettant au narrateur de rebondir pour dessiner au final une enquête presque policière que l'on ne voit pas se dessiner tant elle est menée habilement. Le mélange des différentes époques peut déconcerter les fervents amoureux de la chronologie mais se justifie pleinement. Enfin, les passionnés de scènes torrides seront aux anges, elles émaillent tout le récit, rien d'étonnant au pays du Kama Sutra, parfois d'une crudité sans retenue, parfois d'une vérité presque anatomique avec des descriptions relevant du médical d'observation.

        Si vous vous laissez tenter par ce voyage, ce que je vous recommande, sachez que "Loin de Chandigarh" se trouve en version poche et que vous n'en sortirez pas indemne surtout si vous possédez de l'Inde une idée bien préconçue que vous n'aimeriez pas voir bouleversée. L'auteur ne prétend certes pas à la vérité mais on devine aisément qu'il la préfère au mensonge tant son personnage en découvre dans sa quête, sur les autres et sur lui-même.

  • Lisez plus pour dépenser moins !!!

          Ce petit plagiat d'un slogan qui fit parler en son temps ne fait nullement référence au journal "La tribune" pas plus qu'à tous les livres consacrés aux chicanes à franchir pour passer d'une catégorie d'impôts à une autre... inférieure s'entend. L'économie n'est pas mon domaine de prédilection... ni de compétence et je cherche dans les petits billets (pas encore cotés en Bourse) de ce blog un raccourci vers Epicure plutôt qu'à me faire le chantre de la thésaurisation. Une majorité d'entre nous se plaint, sans doute à juste titre, de peiner pour amener un mois à l'autre et de devoir mettre les patates plus souvent que la langouste sur la table dans la dernière ligne droite qui précède la paye. Pourtant, la vente de plats préparés, élaborés ou basiques, ne cesse d'augmenter année après année. Peut-être serait-il temps de se réintéresser à un genre littéraire délaissé : les livres de cuisine.

         Dix euros le kilo de carrottes râpées (quand l'élément de base n'en coûte même pas deux), quinze à vingt euros le kilo de plat en sauce ( ça laisse rêveur lorsqu'on sait le prix de la farine et de l'eau), sept euros le kilo de pommes de terre épluchées ( ils doivent l'amortir facile le couteau économe). Sans omettre le prix d'un simple sandwich valant souvent deux fois le prix d'une baguette et d'un camembert (au lait cru s'il vous plaît). Je ne vais pas dresser la liste de toutes les ficelles des agro-industriels, j'ai d'autres choses à faire d'ici la fin du mois. Je ne parle pas non plus des cochonneries diverses glissées au coeur de tous ces plats élaborés en France ( pour les ingrédients, à vous de deviner) exhausteur de goût, conservateur, émulsifiant, colorant... ! Bannissons au maximum de nos caddies tous ces produits économivores et suspects. C'est de la merde ! comme disait Jean-Pierre Coffe (non ! traître, vendu, capon, félon ! ) ma grand-mère. Apprenons ou réapprenons à cuisiner.

          Les objections sont multiples, je sais : temps, méconnaissance, étroitesse des cuisines, âge du capitaine... Stop aux mauvaises excuses ! Il faut savoir ce que l'on veut ! On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre ( l'expression s'arrête là car je me sers chez un crémier). Et puis, si l'on aime manger, c'est un plaisir de cuisiner... qui n'empêche pas les célibataires de voir les choses en grand et de congeler de petites barquettes à retrouver les soirs de speed ou de rendez-vous coquin. Parce qu'entre nous soit dit les plats que l'on cuisine soi-même ont quand même un tout autre goût que ceux que l'on trouve dans le commerce ( si vous avez un doute jouez à râper de carrottes) et cette saveur magique des choses que l'on a pris soin d'élaborer. Quant aux recettes, car il est vrai que les livres ne sont pas donnés, les mamans se font toujours un plaisir de les communiquer et pour ceux qui n'auraient plus leur mère ou préféreraient s'élever seuls Internet constitue un gisement inépuisable de source d'inspiration. Chacun sera sans doute surpris de constater le bienfait financier de cette activité culinaire et l'argent ainsi économisé pourra servir à acheter... des livres chez le bouquiniste du coin.

  • Panne des sens... schizophrénie à la française

           Pour ceux qui ont eu le courage de lire le rapport du G.I.E.C. ( groupement international d'experts sur le climat), la version expurgée réservée aux gouvernants s'entend, une évidence s'impose : le pétrole c'est caca, on n'en a plus beaucoup et ce serait une bonne idée de l'économiser. Je simplifie bien sûr. Et me demande si cela valait vraiment le coup de réunir tant de savants pour aboutir à une conclusion aussi courue d'avance. Passons. Ainsi que sur pas mal de leurs études menées dans des conditions parfois douteuses en s'appuyant sur des rapports estudiantins ou de clubs d'alpinisme. Rigueur scientifique... si tu nous écoutes !  Mais là n'est pas le propos principal. Revenons à nos motons : économiser l'énergie pétrolière. Mouvement mis en branle, tardivement certes, depuis quelques années avec des consommations globalement en baisse (moins 3% l'an dernier) grâce à des moteurs moins gourmands et des alternatives aux déplacements privés et professionnels avec des moyens collectifs, convoiturage et transports en commun... et des difficultés financières concourant à une diminution du nombre de véhicules à quatre roues privés au profit des cyclos motorisés ou non.

         Nous devrions donc nous réjouir que moins d'essence soit nécessaire. Et bien non ! Las ! Voilà que l'on se rend compte que les carburants sont transformés dans des raffineries (situées à des milliers de kilomètres des lieux de production) qu'il ne saurait être question de fermer même si pour celle qui nous intéresse elle se trouve en arrêt conjoncturel depuis le mois de septembre dernier. Soyons logiques, on ne peut pas souhaiter une chose sans admettre ce que ce souhait entraîne; baisse de consommation égale baisse de production. D'autant que moins de bateaux circuleront sur les mers chargés de pétrole brut plus les risques de marée noire reculeront. Car les navires transportant des produits raffinés provoquent en cas d'incident des nuisances graves certes mais sans comparaison possible avec les drames engendrés par le pétrole à l'état brut.

        Là se situe l'aspect schizophrénique de notre société. On voudrait tout et son contraire. Moins de voitures mais tout autant d'ouvriers qui les fabriquent. Plus de simplicité dans le fonctionnement mais en maintenant l'emploi dans l'électronique embarqué. Moins de consommation de carburant mais toujours autant d'activité de raffinage. Je ne tiens pas pour négligeable la situation des personnels oeuvrant dans ces différents secteurs d'activité mais toute omelette se fait en cassant des oeufs et peut-être pourrait-on voir ici un manque flagrant de lucidité chez les dirigeants de ces sociétés pour ne pas avoir su prendre en temps voulu les virages qui s'avèrent désormais indispensables. La recherche écologique dans l'industrie peut pourtant être créatrice de nombreux emplois et il serait judicieux que nous mettions nos actes en adéquation avec nos pensées en formant les ouvriers de sites en future désuétude bien avant que ne sonne le glas de leurs usines.

  • Enfin ! Un homme politique signe un ouvrage intéressant !

          Bon, attendez-vous à une grande déception, il ne s'agit pas d'un homme politique français. Pas plus d'ailleurs qu'il ne s'agit d'un énième livre consacré à la politique. Il en sort tellement ces temps-ci que l'on ne sait plus où donner de la tête. Pour ceux d'entre vous pris par la passion de l'écriture cela doit vous paraître extraordinaire que tous nos dirigeants, élus et représentants, disposent d'assez de temps pour mener à bien l'exercice de leurs charges et la rédaction de livres. Dont l'intérêt est discutable et dont l'écriture est souvent confiée à des tiers. Bon, c'est vrai que je suis de mauvaise foi puisque je ne lis aucun ouvrage politique. Je me borne à écouter les critiques journalistiques qui leur sont consacrées. Effort suffisant me semble-t-il.

          L'oeuvre dont il est ici question est en fait un roman. D'un auteur italien, homme de gauche, ancien député,ministre, vice-président du Conseil, maire de Rome, et actuel premier secrétaire du Parti démocrate. Un vrai homme politique donc. Walter Veltroni dont je viens de découvrir "La découverte de l'aube". Un ouvrage de cent cinquante pages que l'on pourrait qualifier de polar psychologique sur fond d'Italie à l'heure du terrorisme mais qui est avant tout un remarquable exercice d'auto-analyse. Quel est la part autobiographique ? Je l'ignore. Mais le livre est passionnant, se lit très vite, et donne un autre regard sur des faits d'actualité passés. Un téléphone noir en ébonite y tient un rôle très important mais déroutera les tenants d'un pragmatisme rigoureux. Je conseille donc vivement la lecture de ce petit livre à tous... mais surtout aux hommes politiques que je trouverais bien inspirés de renouveler les canons de leur genre pour des ouvrages traitant du sujet par la bande.

           Je dois également avouer que ce livre m'a beaucoup plu car on y découvre de nombreuses citations d'un auteur italien que j'adore : Italo Calvino. Que du rêve en pages. Deux de ses oeuvres m'ont particulièrement transporté : "Le baron perché" et "Si par une nuit d'hiver un voyageur". On devine aisément à la façon dont il le cite que Walter Veltroni est demeuré lui aussi sous le charme d'un des auteurs les plus fous et les plus extraordinaires de sa génération. Quand l'imaginaire se met au service du surréalisme cela donne des heures de lecture dépaysantes et décoiffantes en des lieux tous plus étranges les uns que les autres.

  • dix conseils pour bien écrire

    conseil n°1 : tenir le moins compte possible des conseils

    conseil n°2 : avoir toujours un stylo de secours

    conseil n°3 : n'écrire que sur du papier recyclé ou au verso vierge des pages imprimées

    conseil n°4 : consantir un éfor importan sur l'ortografe et la gramère

    conseil n°5 : éviter les histoires d'eunuque décapité, les lecteurs prisent peu les histoires sans queue ni tête

    conseil n°6 : ne jamais quitter sa maison sans avoir sur soi papier et stylo, on voit bien ce qui arrive en ce moment aux sans-papiers

    conseil n°7 : s'interdire le copier/coller sur les textes des autres et se souvenir qu'à l'école on se retrouvait collé pour avoir copié

    conseil n°8 : ne pas chercher à imiter les auteurs déjà publiés, certains d'entre eux s'en chargent déjà très bien

    conseil n°9 : Admettre que les choses les plus belles ont déjà été écrites et se consoler en se disant qu'il reste encore quelques cases à cocher dans les choses  simplement belles

    conseil n°10 : Lire, lire, et lire encore

  • Quand les hommes vivront d'amour...

          Tout le monde, sauf peut-être les plus jeunes, connaissent cette chanson des trois chanteurs canadiens les plus populaires de la francophonie. Ce texte m'est revenu en mémoire en écoutant un débat à la radio, auquel participaient des auditeurs, à propos d'une pétition, riche de 250000 signarures, qui venait d'être remise au ministère et réclamait l'interdiction de la chasse le dimanche. A l'écoute des intervenants, je compris que la misère n'avait pas trop de tracas à se faire; elle avait de beaux jours devant elle. La concorde entre les hommes semble promise au même avenir que l'avion du même nom.

           Je tiens à préciser que je ne pratique pas la chasse, ne l'ai jamais pratiquée et ne la pratiquerai pas. J'ai déjà été marin-pêcheur durant vingt ans; j'ai assez fait de mal aux animaux. D'accord, c'était pour nourrir les gens... comme la chasse à l'origine. Car avant de devenir un loisir, l'art cynégétique relevait d'un impératif alimentaire. Certes au cours du temps les balances se sont inversées et il est plus facile aujourd'hui de flinguer un sanglier avec une balle dum-dum que ne l'était de tuer un mammouth avec une lance... même si des copains vous donnent la main. Mais là n'est pas le propos. On s'accordera pour dire que tous les chasseurs ne sont pas des viandards avinés prêts à tirer sur tout ce qui bouge. Ce qui n'exclut pas l'argument des tenants de l'interdiction dominicale puisque chaque année une trentaine de personnes trouvent la mort lors d'accidents de chasse. En majorité des chasseurs, précieuse précision, preuve que la nature est bien faite. On admet du coup, expérience vécue, que l'on s'éloigne assez vite des zones de chasse lorsque les petits gars sont dehors avec leurs beaux gilets fluo.

           Mais, il ne faut pas non plus perdre de vue que les chasseurs participent activement à l'entretien des espaces ruraux, qu'ils régulent le gros gibier avec les services de l'O.N.F. et qu'ils chassent sur des domaines privés. Qu'empruntent sans souvent le savoir tous les randonneurs, vététistes et quadistes du dimanche. Nous, savons, et la tendance n'est pas pour s'arranger, que le dimanche reste le jour par essence où la majorité des gens ne travaillent pas. D'où un afflux massif de citadins vers les campagnes. Est-il vraiment si difficile de se partager l'espace rural ? Ne peut-on réserver certains territoires à la chasse et d'autres au loisirs de balade en inversant régulièrement ?

           Sinon, dans le cas où chacun préfèrerait camper sur ses positions, je vois une solution. Radicale. Drastique. Demander au ministre de la culture, c'est toujours Jack Lang ?, d'interdire un dimanche sur deux toute sortie en campagne et de rendre obligatoire la lecture d'un livre ou deux le temps du week-end avec fiche de lecture à rendre le lundi matin à son employeur, son professeur, son chef de service, son frère, son club de tricot... et que sais-je moi ?

  • Est-il judicieux de procéder à une seconde lecture ?

            De prime abord, je serais tenté de répondre par la négative. Lire toutes les oeuvres dignes de l'être réclamerait plusieurs vies; relire constitue donc un plaisir dont on se prive. Au détriment d'un autre me direz-vous. Objection retenue. De bon aloi. J'ai beaucoup relu, même si je m'interdis aujourd'hui de le faire, et je ne saurais blâmer ceux qui s'y adonnent. D'autant que certains ouvrages en relecture livrent des richesses que l'on avait ratées la première fois. Un exemple juste : "Les fleurs du mal" de Charles Baudelaire. A vingt, quarante ou soixante ans. Circulez y'a rien à voir !

           Le débat reste donc ouvert... en matière de littérature. Car dans un autre domaine, une relecture s'impose. Le printemps approche et avec lui les premières feuilles... et les élections. Les unes faisant tomber les autres dans nos boîtes aux lettres ou en tracts sur les marchés (en deux mots hélas). je ne citerai bien sûr aucun parti, ceux qui me lisent savent à peu près à quoi s'en tenir. Et puis, le schmilblick est un blog et ce blog est consacré à la lecture et pas à la politique. Cependant, voilà une matière dans laquelle nos édiles seraient bien inspirés d'une relecture, publique naturellement, de leurs promesses précédentes et cochent toutes celles tenues. Un stylo tous les vingt ans ça devrait suffir. A force de laver plus blanc que blanc peut-être devrions-nous leur emprunter cette couleur le jour du vote; cela les amènerait à rire jaune.

         Ne nous leurrons pas cependant, si à la relecture des programmes le compte n'y est pas ce ne sera pas pour autant que la contrition deviendra un mot d'ordre. Un ancien président, grand ami des vaches, précisait que : "Les promesses n'engagent que ceux qui les croient". Sans doute disait-il tout haut ce que pensaient tout bas ses collègues de travail. Alors, à cette heure où les propositions voleront jusqu'à nous dans leurs enveloppes scellées, attachons-nous à lire, A LIRE VRAIMENT, tout ce qui s'y cache noir sur blanc. Et puisque les écrits restent il ne tient qu'à nous que ne s'envolent les paroles données.

        Merci à Coluche pour ces quelques citations. Il a secoué le mammouth mais n'a pas eu le temps de le dégraisser.

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  • La pratique de la lecture est-elle inconvenante dans les lieux d'aisance ?

          Il m'est déjà arrivé, invité chez des amis, d'emprunter leurs toilettes et de découvrir un lieu saturé d'étagères remplies de bouquins. A tel point que sans l'exiguïté de l'endroit j'aurais pu refermer la porte, persuadé d'avoir confondu avec la bibliothèque. S'agissait-il de pallier à une éventuelle déficience de papier hygiénique comme dans la cabane au fond du jardin chère à Francis Cabrel Laurent Gerrat ? Hypothèse aussitôt rejetée. Si le format A5 est propice à l'usage de coutume dans les latrines, son côté revêche est en revanche désagréable à l'épiderme fessier. N'empêche que je devais me rendre à l'évidence : certains transforment leurs latrines en cabinet... de lecture. Bonne ou mauvaise idée ?

         La faculté de médecine est unanime à ce propos : toute perturbation dans l'axe longitudinal du tube digestif rend malaisée une élimination scatophagique qui se voudrait optimale. La position accroupie serait à ce propos la seule favorable, telle qu'on la pratique dans les toilettes dites à la turque (dans lesquelles par contre on lit peu). Avis toutefois contrebalancé par le témoignage d'un artisan souffrant de constipation chronique qui avouait à son proctologue médusé avoir constitué un recueil de ses factures impayées et de ses chèques en bois. Recueil qu'il compulsait, assis sur son trône. "Quand je vois tout ce fric perdu ça me fait ch... !", confiait-il un rien trivial mais soulagé.

          Dès lors, puisque pour une fois aucune loi ne régit la chose, à chacun de faire comme bon lui plaît... et là où il est conseillé de faire. Je ne suis pas un fervent partisan de la lecture en milieu post-digestif, une certaine poésie manque à la chose, mais comme ce blog vise à encourager la pratique de la lecture, je ne peux que louer les mérites de ceux capables de se cultiver aux toilettes... une sorte de principe des vases communicants. Deux restrictions cependant : que l'endroit soit bien chauffé car de nombreux rhumes s'attrapent par le siège et que le civisme l'emporte sur le plaisir si... quelqu'un frappe à la porte !

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